Création d'un consortium de recherche pour les populations d’Océanie
L’Institut Louis Malardé a organisé, du 15 au 18 novembre 2022 à l’Intercontinental Resort Tahiti, un « workshop » (atelier) dédié à la création d’un nouveau consortium de recherche dénommé « Oceanian Genomics ». L’objectif de ce consortium est de promouvoir les initiatives de recherche en génétique et en génomique, en lien avec la santé des populations d’Océanie.
Le contexte
Parmi les grands flux migratoires ayant conduit au peuplement du globe, l’Océanie est la dernière région dans laquelle l’homme s’est installé. Les études en génétique des populations doivent contribuer à enrichir nos connaissances sur le peuplement du Pacifique lequel constitue une étape importante de l’histoire de l’humanité.
Les communautés du Pacifique partagent de nombreuses problématiques de santé. Certaines maladies non-transmissibles (cancer, diabète, maladies cardio-vasculaires) en partie liées au mode de vie sont particulièrement présentes dans la région. Les maladies infectieuses, notamment la dengue, la leptospirose, la filariose restent des préoccupations importantes de santé publique. Or, les processus d’évolution génétique ayant accompagné l’adaptation ou la mal-adaptation des populations à leur environnement, constituent une part de l’explication d’un terrain favorable au développement de certaines maladies. Les études en génétique immunologique permettent de prendre en compte les spécificités liées à l’histoire des populations et les agents infectieux auxquels elles sont exposées.
Les microorganismes (virus, bactéries, parasites), les vecteurs (moustiques) et les animaux réservoirs (rats) portent leur propre bagage génétique, dont la connaissance peut contribuer à mieux anticiper le risque pour l’homme. Le contexte de mondialisation et de mobilité accrue des individus entre les différentes régions du monde favorise la dissémination rapide des agents infectieux, nécessitant de renforcer les moyens de surveillance. Les technologies liées à la génomique ont considérablement évolué ces dernières années, devenant plus accessibles et permettant le développement d’outils d’application immédiate pour la surveillance des maladies infectieuses.
Une des conséquences immédiates du réchauffement climatique est l’expansion géographique des insectes vecteurs, en particulier les moustiques, et des maladies qu’ils transmettent. Des méthodes de lutte anti-vectorielle innovante faisant appel aux outils de génomique sont depuis peu déployées sur plusieurs sites pilotes, notamment dans le Pacifique.
Le développement du potentiel de recherche en génétique et en génomique doit s’accompagner de la consolidation du cadre éthique et bioéthique dans lequel doivent s’inscrire les projets. Il s’agit de garantir que les recherches se déroulent avec l’accord, l’implication et pour le bénéfice des communautés du Pacifique.
Le workshop
Organisé avec le concours du Fonds Pacifique, l’atelier s’est déroulé sur 4 jours et a rassemblé une soixantaine de participants, acteurs de la santé publique et experts scientifiques locaux, de la région (Samoa, Fiji, Kiribati, îles Salomon, îles Cook, Palau, Nouvelle-Calédonie, Australie, Nouvelle-Zélande), de métropole et de l’international (Royaume-Uni, USA).
Le workshop s’est déroulé sous la forme de 4 sessions de conférences-discussion consacrées à : la génétique humaine ; la génétique des pathogènes, les outils génomique de surveillance et la modélisation ; la génétique des vecteurs et lutte anti-vectorielle ; les questions de bioéthique et éthique en recherche.
Le dernier jour, les participants se sont réunis en petits groupes en tables rondes pour définir les priorités et identifier les freins au développement de la recherche en génétique et des outils de génomique dans le Pacifique ; et identifier les actions à mener dans le cadre du futur consortium pour surmonter les blocages identifiés.
Conclusion
L’initiative de la Polynésie française d’organiser cet évènement et de proposer la constitution de ce consortium a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme et d’intérêt par tous les participants. Cette rencontre a permis de consolider la volonté de travailler ensemble, dans un climat d’écoute et de confiance entre les différentes disciplines, les différents experts, les différents organismes et les différents pays représentés. Afin que cette initiative aboutisse à la construction d’un outil de facilitation concret et opérationnel, la stratégie sur laquelle le panel de participants s’est entendu est de procéder par étapes. La première consiste à valider l’intention de travailler ensemble avec la rédaction d’un acte de réunion, comprenant la synthèse des propositions issues des tables rondes, la proposition d’un schéma de structuration et la proposition de feuille de route du futur consortium Oceanian Genomics.